Quand le père de la bombe atomique rencontre la plus célèbre des poupées, on obtient le phénomène “Barbenheimer”, qui a tout simplement envahi internet cet été. Créé à l’occasion de la sortie simultanée des blockbusters américains Barbie et Oppenheimer, le mème Barbenheimer s’est révélé être une mine d’or pour l’industrie du cinéma américain.
Mais de quoi s’agit-il exactement ? D’où vient cet engouement ? Et qui gagne à la fin entre Barbie et Oppenheimer ? On vous dit tout ce qu’il faut savoir à propos du phénomène Barbenheimer, ou Barbie vs. Oppenheimer.
Barbie et Oppenheimer, deux films que tout oppose…
Barbie, réalisé par Greta Gerwig
Comédie féministe et satirique, Barbie a tout du feel good movie 2.0. Porté par un casting de haut vol, dont Margot Robbie dans le rôle de Barbie et Ryan Gosling dans celui de Ken, le film met en scène les aventures de la plus célèbre poupée du monde, qui découvre que, contrairement à ce qu’elle et toutes les autres poupées pensent, les petites filles du “vrai monde”, ne sont pas heureuses (ni libres).
On suit donc la découverte du monde réel par Barbie et Ken, parcours qui met en exergue les stéréotypes patriarcaux et les violences de genre que l’on subit encore aujourd’hui.
Le tout est fait avec une bonne dose de rose, de paillettes et d’humour, pour un film qui, dans l’ensemble, se veut bon enfant.
Oppenheimer, réalisé par Christopher Nolan
Dans un tout autre style, le film Oppenheimer de Christopher Nolan, avec là encore de très grosses têtes d’affiche comme Cilian Murphy dans le rôle de Robert Oppenheimer, Robert Downey Jr. dans celui de Lewis Strauss, Emily Blunt, Matt Damon, Rami Malek, etc. raconte quant à lui l’histoire vraie du physicien éponyme, inventeur de la bombe atomique.
L’ambiance, bien sûr, est sombre, les évènements traités étant particulièrement graves. L’accent est mis sur les problématiques politiques et scientifiques qu’a soulevé la bombe atomique et que soulève encore l’arme nucléaire au sens large. En bref, ce n’est pas exactement un feel good movie, mais c’est en revanche un excellent film, à tous points de vue.
La stratégie de contre-programmation
Vous l’aurez compris, ces deux films n’ont a priori rien en commun, et ne visent donc pas, en théorie, le même public. C’est en se basant sur ce présupposé que les distributeurs ont choisi de faire jouer la technique de la contre-programmation en faisant sortir les deux blockbusters le même jour (19 juillet 2023 en France, 21 juillet 2023 aux États-Unis). Cette technique marketing, courante dans le monde du cinéma, permet d’assurer que les spectateurs n’aient pas à choisir entre deux films qu’ils ont envie de voir le jour de leur sortie en programmant des œuvres radicalement différentes, n’attirant, a priori, pas du tout le même public.
Lorsque cela fonctionne, les spectateurs n’hésitent pas une seconde, ce qui évite à chaque film de perdre des entrées potentielles à la faveur d’un concurrent, tout le monde sort gagnant.
Dans le cas de Barbie et Oppenheimer, ce n’est pas du tout ce qu’il s’est passé.
… Réunis par l’inventivité des internautes !
L’annonce de la sortie simultanée des deux grands films de l’été, aux univers radicalement différents, n’a pas du tout eu l’effet escompté. Au lieu de prendre une décision évidente, les internautes, futurs spectateurs, se sont immédiatement demandé quel film voir en premier, faisant naître ainsi et indépendamment de la production des films, une rivalité qui allait durer jusqu’à la sortie des longs-métrages.
Ensuite, par la magie d’internet et, plus précisément de X (anciennement Twitter), la rivalité entre Oppenheimer et Barbie est devenue un mème, c’est-à-dire un véritable phénomène d’internet, repris et détourné par des millions d’utilisateurs. Des fausses bandes-annonces, affiches et faux produits dérivés ont envahi la toile, jouant sur l’immense fossé qui sépare les films.
Pour le plus grand bonheur de l’industrie du cinéma
Finalement, et même si elles n’y sont pour rien, les équipes des films ont très vite vu que cette rivalité allait jouer à leur avantage.
Rapidement, les twittos ont acté que la seule solution valable était d’aller voir les deux films le même jour, et se sont mis à rivaliser de créativité pour proposer le “programme idéal”. Par exemple, une internaute propose le planning suivant : “un café noir et une cigarette ; visionnage d’Oppenheimer aux alentours de 11h (le film dure 3 heures) ; puis mimosas et brunch ; Barbie vers 18h ou 19h ; suivi d’un dîner, de verres et d’une soirée au club” (@ULTRAGLOSS).
Les équipes des films et les acteurs en promo se sont eux aussi saisis de l’occasion pour s’offrir un coup de pub gratuit ou presque. Margot Robbie et Greta Gerwig notamment, ont posé devant l’affiche d’Oppenheimer avec leurs tickets d’entrée.
Qui gagne à la fin ?
Quelques mois après la sortie des films, alors que la hype est retombée, il est temps de faire les comptes : qui, de Barbie ou Oppenheimer, a gagné l’affrontement ?
Eh bien c’est Barbie, et de loin ! Le 06 août 2023, le film avait déjà généré plus d’1 milliard de dollars de recettes dans le monde, dont pas loin de 500 millions rien qu’en Amérique du nord.